Une soirée seule ne rime pas avec ennuyante. [Edouard]

Il est rare de voir Sienna couchée si tôt. Mais croyez le ou non, pour une fois, elle s'était assoupie bien avant d'entendre les doux coups de minuit. Elle se réveilla six heures plus tard, heureuse d'avoir enfin passé une nuit tranquille. Elle faisait presque toujours la fête mais pour une fois elle avait laissé les autres y aller sans elle. Elle avait préféré prendre une bière, seule sur son grand balcon, avec son appareil et attendre que la photo idéale se présente avec des passants victimes de sa fureur artistique. Elle avait passé une heure ainsi puis était partie se coucher sans plus de cérémonie. Le matin, contrairement à tous ceux qu'elle avait l'habitude de passer, s'était déroulé sans gueule de bois, sans tomber de son lit, ou sans mauvaise surprise du matin. Elle sourit et la voilà, une heure plus tard en direction de l'université sur son petit Vespa. Elle n'était pas motivée pour assister à ses cours mais lorsqu'elle se retrouvait en cours, dans un amphi tout allait déjà beaucoup mieux. Surtout si vous lui parlez d'économie, de politique ou surtout de math.

Elle prenait les cours de bonne heure pour une fois et ainsi, elle était sure de pouvoir passer la soirée tranquille. Enfin, tranquille... Tout est relatif. Elle entendait par là de faire ce que bon lui semblait. Elle appela rapidement une amie à elle et lui demanda si ça lui disait de passer la journée ensemble à rire et discuter comme elles le faisaient si bien. Elle ne s'attendait pas à tant d'enthousiasme dans sa réponse mais en fut soulagée et elles se donnèrent rapidement rendez vous. Sienna repartit de l'université sur les coups de quinze heures et se dirigea vers son appartement. Elle déposa ses affaires et rejoignit Diane. Une jeune femme qui était aussi excentrique et fêtarde qu'elle et avec qui elle s'entendait à merveille. Elle aimait son fort caractère et sa même envie de rire et de fête qui la rendait particulière et qui faisait d'elle une de ses meilleures rencontres à Barcelone. Elles se voyaient régulièrement et elles passaient toujours un agréable moment qu'elle ne regrettait jamais.

En effet, elle ne regretta rien et sa journée avec elle se termina sur les coups de vingt et une heure. Elles se dirent rapidement au revoir et Sienna reprit le chemin de son appartement en mal de prendre une douche. Elle enfila une jupe un haut et ses tongs avec ses lacets immensément longs qu'elle lassait autour de ses mollets fins ce qui lui prenait toujours un temps incalculable à faire. Elle emporta une veste et son sac si grand avec elle et referma l'appartement. Passée une soirée seule chez elle était déjà assez extraordinaire mais si ça se reproduisait deux fois ça allait passer pour du surnaturel. Elle se contenta donc de marcher pendant quelques dizaines de minutes sans savoir où elle allait mais elle s'arrêta enfin devant le Café Aldema et sut qu'elle allait passer sa soirée ici. Enfin, le début de sa soirée, la nuit qui sait où elle serait réellement? Elle sourit et entra rapidement. Il y avait déjà un monde fou et il ne lui fallut tout de même pas plus de cinq minutes pour se trouver enfin une place. Elle salua une simple connaissance d'un sourire et partit s'installer.

Elle avait ce pressentiment qu'elle n'allait pas terminé la soirée seule. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle savait juste qu'elle allait croiser quelqu'un. Elle mit plusieurs minutes à choisir enfin sa commande mais opta pour un gin tonic. Le vrai, le pur et avec lequel elle avait prit sa première cuite. Ouille... Mauvais souvenir. Elle soupira et la jeune femme qui tenait le bar lui demanda si elle aimait la musique. Sur le coup, elle trouva sa question impromptue et la situation s'éclaira quand elle lui expliqua qu'un groupe allait se présenter dans quelques minutes et qu'elle espérait que ça lui plairait. C'était le petit évènement surprise de la soirée pour fêter leur trois ans de mariage. Elle les salua et provoqua un applaudissement général en prévenant tout le monde, puis elle les félicita et approuva d'un signe de tête. Elle adorait la musique, même si elle n'en avait jamais pratiqué ce qui était un de ses grands regrets.

Elle entama donc sa boisson et attendit rapidement que la mini estrade organisée comme une scène potentielle soit occupée par les musiciens. Elle était impatiente de voir ce que ça allait donner. Cette soirée allait être sympa, elle le sentait et ce bar était réputé pour vouloir attirer une clientèle jeune et non des vieux comme les propriétaires le disaient si bien. Elle espérait donc ne pas voir arriver des musiciens qui allaient leur jouer du jazz; ni des jeunes métalleux imberbes ou des émos qui allaient crier dans tous les sens. Elle aimait pourtant cette musique mais elle avait envie d'écouter du bon rock comme on en trouve maintenant difficilement. Dans le style de The Cure quoi (...). Elle trempa ses lèvres dans son verre, peut-être aurait elle du prendre son appareil finalement. Qui sait? Si le groupe devenait célèbre, elle aurait pu avoir leur première photo, et elle aimait voir les musiciens dans leur monde, en pleine transe. Elle les vit alors arriver et se leva pour les saluer en applaudissant. Entraînant une nouvelle fois toute la scène à l'imiter.

(Plus rapide que prévu, la faute au manque de motivation je crois bien...)

Qu'il était loin le temps où sa vie était régentée avec excès par son père, le seule homme capable de refaire à la perfection la danse épileptique typique de Ian Curtis. Le feu chanteur obnubilait Edouard depuis plus de onze ans maintenant, et à en croire sa cousine, c'était assez effrayant de le voir sauter partout dans leur ancien appartement au son de Joy Division, tel un lapin surcaféiné.

Il était aux alentours de dix-neuf heures, Edouard Preston Holden était en plein doute sur la condition humaine. Il venait de quitter le sofa, situé dans le vaste salon qui était lui même dans un spacieux appartement, partagé -pour le meilleur et pour le pire, avec une certaine Diane que le jeune homme connaissait bien avant de s'installer avec elle. Vous savez, un bloody mary, quelques gin tonic, deux ou trois mojito, accompagnés d'un nombre inconnu de margarita, et bang. Sa carapace mentale, le protégeant habituellement des humanoïdes susceptibles de croiser son chemin, s'était rompue.
Et de fil en aiguille, une jeune femme, un comptoir de bar, une conversation sentant l'alcool à deux kilomètres à la ronde. Et paf, il se réveillait dans le lit d'une charmante inconnue avec une étrange gueule de bois et quelques trous de mémoire. Un samedi soir parmi tant d'autres.

Le jeune français déambulait à présent dans l'appartement, pieds nus, simplement vêtu d'un caleçon à pois verts (oui, il est important de la préciser, ça fait psychédélique comme ça) et d'un t-shirt représentant.. Un énorme cookie aux pépites de chocolat qu'il avait dégoté à New York lors de son dernier voyage. Il se rendit dans la cuisine, afin d'y dégoter un reste de pâtes au saumon et de regarder l'heure. Dans un élan de folie (soyons fou), et surtout en attendant que micro-onde réchauffe son repas du soir, il attrapa le seul animal qu'il tolérait, à savoir, son propre chat appelé Sexy-Sushi.

Ne le regardez pas de cette manière, Edouard était inspiré, quand il le voulait.

Une fois dans ses bras, Edouard commença à lui tordre les oreilles pendant quelques instants, réfléchissant au programme de la soirée. La première idée qu'il lui vint à l'esprit fut celle de rester cloitré dans sa chambre, à fumer la fenêtre ouverte en écoutant le Velvet Underground. La deuxième chose qui lui traversa l'esprit fut qu'il venait de finir son dernier paquet une heure auparavant.

La sonnerie du micro-onde retentit dans la pièce. Le jeune homme lâcha son animal de compagnie et fit l'effort d'aller chercher l'assiette. Une fois assis, il poussa un peu plus loin dans ses réflexions : si son paquet était vide, il fallait qu'il sorte.. Qu'il.. fasse l'horrible effort d'aller dans un bar-tabac. Tout d'un coup, son aversion pour le genre humain refit surface.

Sans attendre plus longtemps, il laissa comme mort son plat de pâtes au saumon et s'enferma quelques minutes dans la salle de bain. Le temps de se préparer psychologiquement et physiquement à sortir. Qu'on se le dise, au plus vite il serait parti, plus vite il aurait ses cigarettes et donc plus vite il serait rentré.

C'était sans compter sur les imprévus de la vie.

Vêtu d'un jean noir, d'un pull vert pâle et de son éternel veste en cuir, sans oublier la paire de santiags dont il était quotidiennement chaussée, Edouard s'était quelque peu égaré dans les rues de la ville en cherchant un endroit où acheter l'objet de ses désirs. Désespéré, il venait de sortir son Rubix Cube alors qu'il continuait de marche, refusant de s'arrêter pour demander son chemin. Au bout de quelques minutes supplémentaires, las de ce petit jeu, il stoppa net et observa les environs. Il y avait plein de monde. La vie nocturne à Barcelone semblait être très prisée par les étudiants.

Désabusé, il entra dans le premier établissement éclairé et tomba nez à nez avec une foule assez spectaculaire. Edouard n'avait jamais compris comment on pouvait caser une centaine de personnes dans un espace aussi réduit qu'un café. Le bruit était insoutenable, en plus des commérages habituels et des cliquetis agaçants des verres, un groupe situé entre le punk-rock et le rock tout court avait décidé de montrer publiquement leurs compositions.

Le jeune français crut apercevoir une chevelure blonde assez familière mais ne se précipita pas sur elle. Pas son genre d'aborder les êtres humains d'une manière sympathique. Et l'appel de la boisson était bien plus fort.

C'est de cette manière qu'il se retrouva tel l'alcoolique anonyme, accoudé au bar en train de siroter sa deuxième chope de bière. Pas joyeux pour le moins du monde. La bière ne lui montait pas à la tête. La silhouette familière croisée une dizaine de minutes auparavant se retrouva à quelques mètres de lui, transportée par la foule jusqu'au comptoir du bar. Edouard croisa son regard et mit quelques secondes à remettre un nom sur ce visage à l'air rieur. Ce fut assez rapide, Edouard n'avait pas trois cents personnes dans son répertoire mental.

« Je te paye quelque chose ? »

Demanda d'une voix neutre Edouard, l'air impassible. Impossible de voir si la proposition partait d'une bonne attention ou bien si elle était purement ironique.

{J'adore ton rp; et le nom du chat est super. Sexu Sushi... Il fallait y penser. En effet je m'attendais pas à une réponse si rapide, mais tant mieux. )

Son pied tapait en rythme le carrelage froid du café. Elle aimait bien leur musique ils avait un très bon bassiste, mais d'un autre côté elle trouvait que le chanteur gueulait dans son micro. Il ne chantait pas, il braillait mais à part ça elle ne voyait pas de défauts particuliers à leur groupe. Elle écoutait attentivement les paroles, s'attachait à ses nouveaux sons et laisser son oreille juger de la valeur du tempo et des paroles. Elle ne voyait presque plus la scène tant de personne s'étaient invités à ce petit concert gratuit et elle avait quitté sa chaise. Ça ne servait à rien de rester assise, surtout qu'elle n'aimait pas ne pas bouger sur une chanson, même si cette dernière ne lui plaisait pas, aussi étrange que ça puisse paraitre.

Elle termina rapidement son gin tonic et reposa son verre sur la table ronde derrière elle et reporta son attention les musiciens qui venaient enfin de terminer leur deuxième morceau. Elle fut amener à être encore plus avancé vers la scène. Les mouvements de pauvres adolescents qui sautillaient derrière elle l'obligèrent à se coller encore plus à la fille qui était devant elle. Elle s'excusa dans le vide et continua à écouter les sons rock du groupe mais elle trouvait sa place des plus inconfortable. En effet, elle était derrière une jeune femme qui puait. Et c'était une infection que Sienna ne put supporter une minute de plus. Elle chercha l'odeur de son parfum sur son poignet et fila en direction du bar. Sa place fut vite prise et elle fut soulagée d'avoir un peu d'air. Elle croisa alors le regard d'une personne de sa connaissance.

Oui, c'était en effet Edouard Preston Holden qui se tenait à ses côtés. S'il y a bien une personne qu'elle ne se serait pas attendu à trouver ici c'était lui. Enfin, peut-être ne le connaissait elle pas assez pour le juger si rapidement mais elle ne l'aurait jamais cherché dans un endroit si bondé de monde. Elle lui adressa un petit sourire. Elle ne savait jamais comment réagir face à cet énigmatique personnage. Elle le regarda du coin de l'œil. Sans arriver à se comprendre elle même, elle lui avait toujours trouvé quelque chose de particulier. Peut-être dans sa démarche, dans son regard pourtant froid et profond ou tout simplement dans son visage. Elle se souvint alors de ses séances photo. Plus jeune elle avait tenté de faire accepter à Edouard qu'il pourrait être un excellent modèle pour ses clichés mais il avait refusé catégoriquement. Elle l'avait donc mitraillé en silence.

Elle eut un sourire en repensant à ces séances. Elle n'avait jamais été très discrète mais elle était prête à parier qu'il n'avait jamais rien deviné et si c'était le cas ça n'avait pas du le déranger puisqu'il n'était jamais venu la voir pour lui dire de cesser. Elle se demanda quelques instants où étaient demeurés ces photos. Surement dans une de ses boîtes à chaussure. Oui; sans doute. Ou ailleurs, allez savoir. Il faut dire que le sens du rangement et Sienna font bande à part. Elle n'aime pas ranger et son appartement et la conséquence même d'une personne à caractère bordélique. Elle en met partout, elle ne range strictement rien et pense toujours pouvoir s'y retrouver. C'est une raison de ses nombreux retards qui sont si connus d'elle.

Elle sortit de ses pensées rapidement et laissa le bordel de son appartement là où il était. Il venait de lui parler. Ou alors elle avait rêvé. Elle ne sut pas du tout comment interpréter sa phrase. Enfin, elle ne savait pas comment le prendre: comme une farce pour lui même ou comme une proposition sérieuse. Elle fronça légèrement les sourcils et chercha dans les traits de son visage quelque chose qui pourrait lui affirmer sa bonne volonté. Malheureusement pour elle; une fois de plus le jeune homme était impassible, et tout à fait neutre. Du plus loin qu'elle s'en souvienne il avait toujours été comme ça et elle trouvait que ça faisait une partie de son charme. Elle ne chercha pas à se compliquer; elle le prit au mot et lui adressa un beau sourire enjoué comme il était si habituel de le voir sur ses lèvres avant de dire avec un ton qui exprimait sa joie de vivre si familière:

"_ Avec plaisir. Proposé si gentiment."

Elle ne se moquait pas de lui. Elle trouvait qu'il semblait faire des efforts et puis elle l'aimait bien. Elle avait saisit son caractère, elle savait à quoi s'attendre. Elle vit alors son verre de bière sur le comptoir et en conclut qu'il était déjà là depuis quelque temps vu le sacré coup que la boisson avait prise. Elle ne l'avait même pas vu rentrer. En même temps son attention avait été si fixée sur le groupe qu'elle avait un peu tout zappé autour d'elle.

(Héhé, merci, Sexy Sushi pour quelqu'un qui ne se nourrit que de fruits de mer, c'est presque une évidence de toute façon. Encore une réponse plus vite que prévu, ça va me porter préjudice..)

Après tout, Edouard était une des exceptions de la race humaine. On pourrait même se demander si il se considérait lui même comme un être humain, d'accord il avait deux bras et deux jambes mais ce n'était qu'un détail. Edouard scruta ses mains pendant quelques instants, captivé par l'état de ses ongles fraichement coupés alors qu'il détestait se servir d'un coupe-ongles, ça lui donnait des frissons, il s'imaginait toujours le pire.

Son esprit s'était échappé loin, très loin même.

Si bien qu'il eut un léger sursaut en entendant la voix de Sienna, aperçue quelques secondes auparavant. Il la connaissait depuis quelques années déjà, vivant dans le même immeuble, ils étaient amenés à se croiser plusieurs fois par jour. Et à discuter, une fois en tout cas. Edouard n'avait strictement rien contre elle, peut-être trop gentille certes, mais elle ne s'était jamais laissée malmenée par le garçon. En même temps, elle n'avait jamais fait quoi que ce soit susceptible d'énerver le jeune français. Même dormir devant sa porte d'entrée n'avait pas réussi à déclencher le tonnerre de Zeus.

Quoi qu'il en soit, Edouard venait de lui proposer un verre, peut-être en souvenir du "bon vieux temps", même si il n'avait jamais été bon et encore moins vieux, peut-être pour l'enivrer davantage. Ou peut-être que c'était purement ironique. Son visage se crispa et un léger sourire s'étala sur ses lèvres, tellement peu habituer à sourire que ça en devenait une grimace et un dur exercice musculaire.

« Avec plaisir. Proposé si gentiment. »

Le jeune homme coula un regard vers Sienna, soucieux de voir si elle se foutait de lui ouvertement. A priori non, elle était souriante, sans la moindre lueur diabolique dans son regard. D'un geste lent, Edouard héla le barman, tel le gentleman qu'il n'était pas, qui ne tarda pas à s'occuper de la commande de sa nouvelle locutrice. Edouard resta quelques minutes silencieux, occupé à fixer les bouteilles de sirop et à boire le reste du contenu de sa chope de bière.

C'était toujours le même problème quand il était en compagnie d'une personne qu'il appréciait un tantinet. Comprenez le, il était tellement habitué à détester le genre humain qu'il savait se tenir qu'aux côtés d'un Rubix Cube qu'il pouvait manier et remanier à sa guise.

La chope de bière maintenant vide percuta le comptoir. Edouard commençait à avoir des bouffées de chaleur et avait l'impression d'être atteint de rhinophyma à cause d'une démangeaison soudaine au niveau de son nez. Un bruit sourd se fit à nouveau entendre, le verre de Sienna était arrivé à bon port. Le français eut un regard amusé mais reprit rapidement son air impassible du type blasé de service.

« Tu devrais faire attention Sienna... Si je t'offre ce verre.. C'est peut-être pour te voir complètement grisée... Et ensuite, il ne serait pas difficile de trouver un hôtel miteux dans cette ville, rien que pour abuser de toi.. »

Toujours ce même ton de l'individu indifférent à tout ce qu'il se passe autour de lui. Quant à savoir si violer Sienna était un de ses projets, c'était difficile de savoir si c'était vrai ou pas.

« Tu as encore le temps de t'échapper. »

Jack Nicholson modernisé. Où est la hâche ?

Elle remercia le jeune serveur d'un signe de tête. Il semblait surmené et Sienna était prête à parier que c'était une de ses premières journées de travail. Elle eut un sourire amusée. Elle avait trouvé un boulot similaire, al Restorante de la Playa. Elle croisait des nouvelles têtes et comme elle était toujours très énergique elle n'avait aucun problèmes pour servir plusieurs commandes et être partout à la fois. Elle était bien payée en plus et elle pouvait donc se permettre de faire des dépenses plus folles et excentriques encore. Elle n'avait jamais été une accro au shopping comme toutes les filles et elle préférait de loin rester à bavarder avec une amie plutôt que d'être enfermée dans une boutique avec plein de jeunes femmes à tendance hystériques.

Elle reporta son regard sur Edouard qui venait de lui dire de faire attention. Elle le regarda en fronçant légèrement les sourcils; elle ne comprenait pas où il venait en venir. Elle se retourna donc vers lui et écouta attentivement la suite de son explication. Elle ne put retenir un éclat de rire qui fit retourner quelques personnes derrière elle. Elle n'y prêta même pas attention et continua à regarder le jeune homme. Il n'imaginait pas une seule seconde que son but était d'abuser d'elle. Enfin... Il avait l'air étrange des fois et il était un peu replié sur lui même mais elle le pensait totalement incapable d'une telle chose. En même temps, Sienna avait tendance à prendre n'importe quel loup pour un agneau. Elle n'imaginait jamais le pire chez les gens qu'elle rencontrait. En effet, elle ne voyait que le meilleur des personnes même si chez certain il était rare de leur trouver des qualités dès la première rencontre.

"_ Vraiment? Oui t'as peut-être demandé au serveur de mettre du GHB dans ma bière qui sait? Je vais vraiment devoir me fier de toi maintenant. "

Elle eut un sourire amusé quelque secondes après prononcé ses derniers mots. Elle n'était pas sérieuse mais sur le moment elle avait tant bien que mal tenté de garder un air neutre. Elle aurait tout aussi bien pu lui rajouter qu'il fallait qu'il fasse attention lui aussi et que personne ne pouvait réellement savoir de quoi elle était capable mais elle avait gardé cette réflexion pour elle même. Et puis, pas de chance pour lui elle tenait plutôt bien l'alcool. Enfin, c'est vrai qu'après trois ou quatre vodkas cul sec; ses réflexes n'étaient plus même et ils avaient tendance à être franchement diminués. C'était plutôt les lendemains de cuite qu'elle craignait. Elle repensa à la dernière; le jour où elle avait revu Aden d'ailleurs. Elle n'avait pas terminé dans un bel état c'était le moins qu'on puisse dire.

"_ Et qui te dit que j'ai envie de m'échapper?"

Elle était face à lui, un coude posé sur le bar. Elle avait été obligé de parler un plus fort car le chanteur du groupe de rock derrière eux avait sans doute décidé de les mettre au défi en criant encore un peu plus dans son micro. Il en devenait presque lourd mais les groupies au premier rang les acclamait presque aussi fort qu'il chantait. Elle reporta finalement son regard sur Edouard. Elle eut un sourire espiègle en coin de lèvre et prit la bière dans sa main. Elle le porta près de son visage et dit avec un petit sourire

"_ A la tienne"

Et porta enfin la chope de bière à ses lèvres avec un air qui relevait presque du défi. Elle était amusée par la situation, enfin cité moins une minute de sa vie que la jeune femme n'a prit à la rigolade? Oui, bon c'est vrai que certains moments ne sont jamais très gais mais tout le monde a le privilège de souffrir un jour n'est ce pas? Elle but quelques gorgées et après quelques secondes fit mine de s'évanouir avant de rigoler. Elle reporta alors son regard sur Edouard. Elle le mettait peut-être mal à l'aise à le regarder mais elle avait l'habitude de toujours fixer ceux à qui elle parlait sans jamais penser que ça pouvait gêner l'interlocuteur. C'est pour cette raison qu'elle reporta son regard sur le groupe. Elle haussa un sourcil dubitatif en voyant que le chanteur avait enlevé son tee-shirt. Eh! Fallez qu'il se calme, il était pas un Dieu non plus et son vrai public se composait des groupies du premier rang; les autres battaient juste du pied ou sautiller un peu en l'air sans avoir pourtant l'air super enthousiasthe.

Si Edouard n'avait pas été aussi... Edouard, il serait certainement en train de bouder dans coin, totalement frustré par ce qu'il venait de se passer. Non seulement sa mascarade psychotique n'avait pas été prise au sérieux par Sienna, mais en plus elle avait trouvé de quoi répondre. Le jeune se renfrogna légèrement, avant d'héler de nouveau le barman, avec l'envie pressante de déguster un bloody mary. A bien y réfléchir, la nuit dernière, il avait déjà rêvé d'un bloody mary. L'occasion se présentait à lui, tandis que son esprit était occupé à divaguer sur les flots de vodka.

Se sentant observé, le jeune français releva la tête, croisant le regard troublant de sa voisine. Il soutint son regard quelques instants avant de retourner à la contemplation de sa chope vide. C'était assez dérangeant, il détestait être la cible de l'attention d'une personne, quelle qu'elle soit.

Néanmoins, l'envie de répondre aux dernières remarques de la jeune femme était bien trop forte pour qu'Edouard reste plongé dans son mutisme. Sa mâchoire se crispa légèrement, tandis qu'un air froid et distant s'installait une nouvelle fois sur son visage, il se pencha lentement vers Sienna et d'une voix doucereuse, il murmura un :

« Te voilà bien pressée... Calme tes ardeurs jeune fille... »

Un bruit sourd le fit sursauter. Après quelques secondes de panique, Edouard constata que le barman n'avait pas estimé sa force en posant le cocktail sur le comptoir, sous le nez du jeune français. Ce dernier avait sa place normale, inutile de jouer le psychopathe en manque trop longtemps. Cependant, il ne jugea pas nécessaire d'arrêter ses réflexions, aussi inutile soient elles.

« Mmmmh.. Après tout... On a toute la nuit devant nous.. »

Fit-il avec un air de conspirateur, soucieux de sa victime. Edouard porta alors son verre à ses lèvres et happa quelques gorgées du liquide, s'intéressant pour la première fois depuis son arrivée au bar. A vrai dire, il estimait très peu ce genre de rock bands. Pour lui, le rock se résumait à Joy Division, au Velvet Underground et aux Cures. Il détestait par dessus tout ces groupes qui jouaient pour l'argent et les groupies. D'ailleurs les jeunes hommes en rut présents sur scène avaient un large choix concernant les filles avec qui ils termineraient les soirées. Ca dépassait complètement le pauvre Edouard.

Quelques minutes plus tard, il avait déjà avalé deux shots de tequila supplémentaires, heureusement, il ne ressemblait pas à une loque humaine, endormie sur le comptoir. Non, il était bien et tous ses aprioris sur le monde et ses habitants avaient, plus ou moins, disparu.

Sienne était toujours à ses côtés et semblait l'avoir suivi pour les tequila on the rock. Rien de mieux pour décoincer un blocage humain, à croire qu'Edouard prônait à présent l'ébriété. Enfin, ce n'est pas comme si il était un fervent opposant à l'alcool, à moins que l'absinthe soit une nouvelle boison énergétique, et en tant que narrateur permettez moi de douter.

Toutes ces personnes entassées dans un si petit endroit avait quand même un effet négatif sur Edouard, l'air frais se faisait rare, il suffoquait à moitié et les hormones en folie faisaient des va et vient incessants dans la pièce. Et en plus, le chanteur du groupe semblait imiter un cochon sous prozac, qu'on égorge, à tendance suicidaire.

Le jeune français jeta un coup d'œil à Sienna, visiblement perplexe vis à vis de la qualité du groupe, ce qui était, soyons francs, assez normal. Ce fut au tour d'Edouard de fixer intensément sa voisine, avec un regard de chien battu, comptant presque sur elle pour sauver la situation. Sans attendre plus longtemps, Edouard bondit de son tabouret, pressé de sortir de cet enfer à l'atmosphère oppressante.

Ainsi, nos deux jeunes protagonistes se retrouvèrent devant le bar qu'ils venaient de quitter après avoir payé leurs consommations. Le français sortit d'un geste mécanique son paquet de cigarettes de sa poche arrière, en extirpa une et la coinça entre ses lèvres avant d'en proposer une à Sienna. De son autre main, il entreprit de sortir son briquet et après quelques difficultés de coordinations, il parvint finalement à l'allumer et tira une première fois dessus.

« Je t'ai menti pendant longtemps Sienna. Je ne suis pas un mec fréquentable. Je suis désolé que tu l'apprennes de cette façon. »

Déclara-t-il, sans aucune raison, le plus sérieusement du monde.

Sa bière semblait s'évaporer sous ses yeux. Elle ne se rendit même pas compte de la vitesse à laquelle elle la bue. Elle avait l'impression de passer pour une grosse assoiffée. D'accord elle étouffait avec tout ce monde entassait dans le café mais elle avait été troublé lorsqu'elle avait, par réflexe sans doute, porté la chope à ses lèvres et avait tristement découvert la couleur du comptoir à travers le verre. Elle avait donc reposer la chope pourtant assez massive sur le bar et avait reporté son regard sur son voisin, muet pour l'occasion. Elle le vit tenir sa propre chope dans les mains avec un air faussement désespéré qu'elle était sans doute la seule à lui attribuer. Elle aurait voulu avoir son appareil. Oui, y'avait des moments où elle regrettait de ne pas penser à tout. En même temps, allait elle sincèrement se ramener avec son imposant appareil photo dans un café aux alentours de vingt deux heures, vingt trois heures du soir? Hum... Si la réponse ne vous parait pas évidente, elle l'est pour Sienna. Non.

Alors qu'elle allait se retourner pour commander à son tour elle fut troublée de trouver le visage d'Edouard si près de son oreille chose qui l'a surprit. Elle plissa les sourcils et prêta attention à ce qu'il venait de glisser. Elle eut un sourire, amusée. Les bruits de la salle n'avait pas réussit à masquer la voix du jeune homme et elle avait saisit chaque parole. Elle ne sut pas comment l'interpréter sur le moment et joua le jeu. Elle croisa de nouveau ses jambes, plaqua ses cheveux derrière ses oreilles et posa ses mains sur ses genoux en se tenant droite comme un I. Elle regardait dans le vide tentant de rester aussi impassible qu'elle le pouvait mais quand elle vit le verre d'Edouard se poser sur le comptoir elle ne put retenir un nouveau sourire et demanda rapidement la même chose au serveur d'un signe de tête. Elle se demandait parfois si elle n'était pas souffrante, malade. Sourire si facilement ne semblait pas donner à tout le monde mais c'était presque un handicap des fois pour elle. Sourire et rigoler sans cesse lui donner presque mal aux mâchoires. Dis Doc' ça se soigne la joie de vivre?

"_ Fais attention à toi Edouard, le rôle de victime peut rapidement être échangé. J'ai plus d'un tour dans mon sac, même s'il n'y parait pas."

Elle remercia le serveur d'un signe de tête. Il ramassa les deux chopes et il s'attaqua rapidement à d'autre client. Elle avait suivi dans son élan le jeune homme. Le goût du Bloody Mary se dissipa rapidement dans sa bouche. Elle aimait tous ses cocktails. Elle en avait même inventé un, un jour. Ne lui demandez plus la recette elle en avait tellement bu que ça a plutôt eu un effet auto destructeur. Elle commençait à sentir son crâne s'enflammer. Pas une seule seconde elle supposa que le gin, la bière et le Bloody Mary pouvait avoir une incidence sur ce début de migraine. Elle préférait bien plus accuser le vilain groupe de rock bands. Ils avaient bien commencé mais là ils étaient en train de faire un flop total. Du point de vue de la jeune femme en tout cas. Elle préféra ne pas reporter son regard sur eux. Le torse imberbe du chanteur donnait envie de mourir de rire à la jeune femme. Un rockeur si gamin, avec une voix qui n'avait pas fini de muer... C'était trop à supporter.

Les minutes passèrent doucement, et elle s'amusait à fixer Edouard plusieurs fois. Elle était discrète, mais le voir se plonger dans la contemplation de ses verres la rendait curieuse. Elle se demandait ce qui lui passait par la tête. Enfin, elle n'en saurait jamais rien n'est ce pas? Alors pourquoi se poser la question? Elle allait terminer un shot de téquila quand elle remarqua le regard du jeune homme posait sur elle. Son froid et son air neutre et impassible c'étaient brisés. Il avait le regard perdu, l'air de dire j'en ai marre, ou je suis las. Elle n'arrivait pas réellement à cerné ce qu'il tentait de lui faire comprendre mais tout d'un coup, il se leva sans plus de cérémonie. Elle lança un billet sur le comptoir, attrapa sa veste, et pour ne pas le perdre dans la foule qui s'amassait à leur place l'attrapa par la veste. Elle se faufila entre les personnes, toutes plus ou moins transpirantes ce qui lui souleva le cœur. A moins que se fut de se bouger si rapidement après avoir bu autant. Enfin, autant, tout est relatif n'est ce pas?

Ils arrivèrent enfin dans la ruelle encore vivante et éclairée de Santa Caterina de Siena et elle respira une grande bouffée d'air qu'elle laissa bloquée dans ses poumons quelques secondes. Elle avait cru mourir, et tous ces imbéciles qui la poussait dans tous les sens en sautant partout. Elle aimait le café Aldema mais il fallait qu'ils apprennent à contrôler un peu leur clientèle. Edouard lui proposa une cigarette qu'elle accepta avec reconnaissance. Elle se précipita vers son briquet et la plaça rapidement au dessus de la flamme. Elle prit une latte et entendit enfin Edouard reparler elle s'arrêter. Elle avait recommencer à marcher mais ça, ça l'avait arrêté net. Il méritait des claques hein. Elle le regarda en secouant doucement la tête. Il avait le don de se rabaisser alors qu'elle lui reconnaissait des qualités rares. Elle tenta de mettre de l'ordre dans sa phrase et l'exprima finalement à haute voix.

"_ N'importe quoi arrête... Tu viens de me sauver d'asphyxie en ayant la bonne idée de sortir et tu es fréquentable. T'as juste des airs de psychopathe des fois, mais je t'accepte comme ça moi..."

Elle lui fit un sourire réconfortant, enfin si on pouvait appeler ça comme ça. Il est toujours tellement dur de faire la différence entre les sourires. Elle avait faillit faire sembler de le frapper gentiment mais elle s'était retenue aux derniers moments. Elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une barjo plus qu'il ne devait déjà le faire. Les rues de Barcelone étaient belles la nuit et loin d'être silencieuses mais Sienna en avait tellement l'habitude qu'elle ne fit pas attention à des jeunes espagnols qui demandaient du feu en parlant un peu plus fort. Elle sentit alors un tapotement sur son épaule et se retourna. Une petite bande de jeunes débraillés les regardaient. Elle croisa le regard d'Edouard avec un sourire amusé. Ils avaient les pupilles bien étrangement dilatées et des bouteilles de bière dans les mains. Ils avaient l'air sympa de toute façon Sienna ne faisait jamais de préjugés. Elle préférait se faire une idée elle même en apprenant à connaître les personnes mais eux avaient l'air d'aimer la fête et c'était déjà un bon point.

« Comme tu as pu le voir, j'ai de la suite dans les idées. » avait-il lâché à Sienna avant qu'ils ne s'éclipsent du bar. Le jeune homme voulait toujours avoir le dernier mot, ça se valait. Inutile de dire qu'il était primordial pour lui de ne pas passer pour le déficient mental de service, ça se comprenait. C'était sa carapace après tout, c'était sa manière de se protéger des autres humanoïdes, en se rendant indifférent et en se donnant un air totalement blasé.

Le français tira une nouvelle fois sur sa cigarette. La nicotine, qu'il aimait sans caution, qu'il aimait sans condition, qu'il va aimer sans fin et sans fond. Il recracha lentement sa fumée en tentant de faire des cercles alors qu'il était en train de ressasser ses idées.

Rappelez à Edouard que l'ironie ne marchait plus après l'absorption de quelques verres alcoolisés. En effet, sa dernière déclaration était purement ironique. Le jeune homme avait une telle estime de sa propre personne qu'il était impensable de le voir se rabaisser. Sans aucune raison en plus.

Il fronça légèrement les sourcils, observant d'un air désabusé sa compagne de fortune qui était visiblement en train de le réconforter. Edouard garda son air impassible et dirigea son regard vers la façade de l'immeuble devant lequel ils passaient. Il hésitait entre la crise d'hystérie et la crise de frustration, devant cette espèce de compassion ou pitié venant de Sienna.

Non, il n'était pas à ce point désespéré. Peut-être que le ton qu'il avait utilisé prêtait à confusion mais... mais... non, c'était tout bonnement impossible d'accepter cet espèce de quiproquo.

« Ravi de le savoir, mais à vrai dire, je plaisantais. »

Précisa-t-il d'un voix traînante sans pour autant instaurer un climat glacial entre les deux jeunes gens. Au moins, Edouard avait eu l'occasion de savoir ce que Sienna pensait de lui, information qui pourrait se révéler plus ou moins utile par la suite.

Ils continuaient de marcher dans les rues, pas totalement déserté, ce qui était assez incroyable vu l'heure. Minuit avait sonné depuis un bon bout de temps. En silence, Sienna et Edouard semblaient marcher sans but précis. Découvrir Barcelone la nuit pouvait se révéler assez divertissant d'ailleurs..

« Hé ! Z'auriez pas du feu hinhinhin ? »

Un type s'était approché de nos deux étudiants et avait tapoté l'épaule de Sienna dans l'espoir d'obtenir une réponse. A en juger par sa taille et sa dégaine, il n'avait pas plus de dix-huit ans. Vêtu d'un slim certainement noir, d'un t-shirt tout droit sorti d'un clip de Justice et de lunettes à grosse monture, l'inconnu avait tout du fluo kid.

Edouard examina le reste de la bande, resté à l'écart. Il pouvait facilement entendre des éclats de rire, des tintements de bouteilles et de grandes conversations à la portée philosophique. Le jeune homme regarda la scène avec air amusé, d'abord à cause de l'originalité de leurs tenues et surtout à cause de l'alcool ingéré jusqu'au présent. Sans réfléchir, le français acquiesça et ressortit d'un geste rapide le briquet qu'il venait tout juste de ranger.

« Merci man... »

Le man en question tira une dernière fois sur sa cigarette et la laissa tomber par terre. D'un coup de talon, il écrasa le peu qu'il restait tout en observant l'illustre inconnu fluo, parvenu à allumer son bien.

« Hé man, ta copine et toi avaient trop un bon flow, un peu comme le chanteur d'Hadouken. Vous connaissez le groupe je suppose ? C'est trop bon mec, c'est notre idole parce que tu vois, il a trop un bon flow quoi. Tu vois man, son "yeah yeah yeah yeah yeah yeah yeah yeah yeah yeah uh uh yeah yeah yeah", et bein j'le quiphe mec ! D'ailleurs, un de mes potes, on l'appelle Hadoukman, il pourrait te faire une cover de Tuning à n'importe quelle heure de la journée mec ! Bon, là, il est un peu défoncé mais... Oh ! »

Edouard continua de scruter le pote d'Hadoukman, choqué et impressionné par son débit de parole. Il avait parlé vite, très vite. Il avait tourné les talons et s'était dirigé vers ses amis. Quelques secondes, il revenait bras dessus bras dessous avec un autre adolescent, remarquable avec sa veste de jogging verte et sa casquette blanche.

« C'est Hadoukman ! Je crois que je vous en ai parlé non ? Enfin, il a un trop bon flow, 'azy, fais leur un petit set, mec ! »

Hadoukman secoua la tête, renversant la même occasion une bonne partie de la bière qu'il avait à la main.

« Hé mec, du calme La Timpe, je ferai ça.. quand on sera à la plage mec. » lâcha-t-il avant de faire demi-tour, laissant ainsi La Timpe devant Sienna et Edouard, songeur. Il passa une main dans ses cheveux et sembla être pris d'une illumination.

« Bein, pourquoi vous ne viendriez pas avec nous ? On va à la plage, des potes nous attendent là bas man, et il faut absolument voir Hadoukman chanter Hadouken, c'est trop groovy man ! »

Sans leur laisser le temps de répondre, La Timpe glissa un bras sur les épaules de chacun de nos protagonistes, commençant à avancer avec le reste de la bande, en direction de la plage.

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